Des milices pro Sarraj attaquent le convoi de BHL, sous les cris de « mort aux juifs » !

De retour en Libye, neuf ans après le soulèvement qui à mis fin à la dictature de Mouammar Kadhafi, Bernard-Henry Lévy a soulevé une vive polémique au sein même du clan pro-Sarraj, le chef du mal nommé « gouvernement d’union nationale », que l’auteur de La barbarie à visage humain est pourtant venu soutenir, notamment à travers un reportage sur des charniers imputés aux forces du maréchal Haftar à Tarhouna, ville reprise par le forces pro Sarraj, en juin dernier.

L’avion de BHL a atterri, samedi 25 juillet, à l’aéroport de Misrata (200 kms à l’est de Tripoli). Des vidéo diffusées sur les réseaux sociaux ont montré le « philosophe » s’entretenant avec des dignitaires politiques et militaires, dans cette ville portuaire qui l’avait gratifié du titre de « citoyen d’honneur », en 2011, au lendemain de la « révolution du 17 février ».

La visite de BHL devait ensuite s’étende aux villes voisines d’al-Khoms et Tarhouna. Mais, sur les réseaux sociaux locaux, les principales milices qui contrôlent la région se sont insurgées contre cette visite. Et à l’entrée de Tarhouna des miliciens islamistes appartenant à al-Qowa al-Mouchtaraka et à Saraya Chouhada al-Naâdji ont intercepté le convoi de BHL. Des vidéos diffusées par des milices locales montrent des hommes armés tirant des coups de feux en direction de ce qui est supposé être le convoi de BHL, sous les cris de « non aux juifs ».

Sur une autre vidéo, un milicien scande : « Allah Akbar, pas de juifs à Tarhouna, pas de juifs à Tarhouna, mort à vous. Bernard Levy n’est pas le bienvenu à Tarhouna. Tarhouna est la terre d’Idriss. Par Allah nous l’a accepterons jamais. C’est un chien juif » !

D’autres vidéos montrent le supposé convoi de BHL sur une autoroute, prétendant qu’il a été chassé de Tarhouna et a pris la fuite en direction d’al-Khoms. Mais, dans un tweet, BHL a affirmé, photos à l’appui, qu’il s’est bel bien rendu sur les lieux des charniers de Tarhouna et que son reportage sera bientôt publié. Selon sa version, des « voyous » ont « tenté de bloquer [son] convoi sur le chemin du retour à Misrata » !

Loin de condamner les infamants slogans antisémites scandés par ses propres milices, le « gouvernement d’union nationale » s’est, au contraire, empressé de se laver les main de la venue de BHL, affirmant dans un communiqué que « le conseil du gouvernement n’a aucun lien avec cette visite » qu’il « n’en a pas été informé » et qu’« elle n’a pas eu lieu en coordination avec lui ».

Quant au ministre de l’intérieur du « gouvernement d’union nationale », Fathi Bachagha, qui a autorisé l’atterrissage de l’avion de BHL à l’aéroport de Misrata et lui a accordé une force de protection, il a justifié, dans un tweet, l’autorisation de cette visite au nom de la… liberté de la presse !

Selon lui, il s’agit de la « visite d’une personnalité journalistique (BHL), qui a eu lieu sans invitation officielle du gouvernement et qui n’a, donc, pas de portée politique ». Et le valeureux ministre d’ajouter que « la liberté de la presse et des médias est l’un des piliers de l’État civilisé démocratique. Et le droit de s’opposer à une visite quelconque est garanti à tous, car nous n’exerçons pas de tutelle sur l’opinion publique ».

En éminent défenseur des droits de l’Homme, BHL aura, sans doute, à cœur d’expliquer à son ami ministre (et au gouvernement islamo-révolutionnaire auquel il appartient) que l’injure antisémite ne fait absolument pas partie des droits et libertés garantis par un « État civilisé démocratique » !